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Le Nouveau Praticien Vét équine
Volume 17, Numéro 58, 2023
Maladies infectieuses et avortements chez la jument
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Page(s) | 5 - 5 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/npvequi/2023035 | |
Publié en ligne | 10 novembre 2023 |
Editorial
« Les avortements, ce n’est pas vendeur »
DVM, PhD HDR, professeur agrégé de Pathologie de la Reproduction, VetAgroBio Nantes, ONIRIS

Jean-François Bruyas
…Telle est la réponse que j’ai essuyée à plusieurs reprises de la part de différentes personnes, dans des contextes divers au cours de ma carrière d’enseignant-chercheur en reproduction animale.
Réponse du directeur général de mon établissement d’enseignement vétérinaire, lorsque j’avais, il y a une vingtaine d’années, proposé d’entreprendre des démarches, auprès du conseil régional et du conseil des équidés, pour obtenir un soutien pour la mise en place d’un service d’autopsie, service à destination des éleveurs de chevaux, prenant en charge les avortons équins afin de tenter un diagnostic étiologique.
Même réponse du président des étalonniers de chevaux de sang, il y a bien longtemps, lorsque, en tant que co-animateur du sous-réseau « Avortements » du RESPE, je lui avais exposé les besoins en recherche dans ce domaine afin d’élargir les possibilités de diagnostic étiologique.
Le collège de ce sous-réseau du RESPE, considérant le manque à gagner que les avortements représentent pour les étalonniers de race de sang (ils ne facturent tout ou partie du prix de saillie que si le poulain naît et vit au moins 48 heures), avait tiré hâtivement la conclusion que si chaque étalonnier versait, pour un fond de recherche sur l’étiologie des avortements, le montant du prix d’une saillie de chaque étalon, nous aurions des moyens largement suffisants pour conduire un grand nombre de recherches exploratoires.
Réponse de mes collègues du bureau de l’Association Française d’Étude de la Reproduction Animale lorsque j’avais proposé ce thème pour le colloque annuel que nous organisions alors : « Le sujet n’est pas vendeur et il n’y a pas grand-chose à en dire car il n’y a rien de nouveau ».
En tant que président du comité d’organisation du 1er symposium européen de reproduction animale (ESAR), qui s’est déroulé en septembre dernier à Nantes, j’ai imposé une session plénière en pathologie comparée sur ce thème. Celle-ci a été particulièrement appréciée par les congressistes, car effectivement c’est une thématique rarement abordée.
Ainsi, dans ma pratique de clinicien d’un CHUV, force est de constater que certains confrères référents se trouvent assez démunis dans la conduite à tenir au sein de l’élevage où une jument avorte, vis-à-vis de l’avorton, de la jument elle-même et des précautions de biosécurité.
Dans le cadre de la revue Le Nouveau Praticien Vétérinaire équine, c’était également un domaine qui n’avait jusque-là pas été traité, au fil des dossiers précédents en reproduction équine. Pourtant sujet d’importance quand on prend en compte l’incidence des arrêts de gestation. En moyenne, environ 10 % des gestations s’arrêtent entre J12-14 (stade du premier diagnostic échographique), et la fin de la mise en place du placenta à J45-50 et 10 % encore environ entre ce stade de la placentation et le terme. Avec 53 476 naissances d’équidés enregistrées dans le système SIRE au niveau des stud-books en 2022 en France, une estimation rapide indique qu’environ 6 000 avortements (entre J45 et le terme) et 6 600 arrêts de gestation plus précoces (entre J12 et J45) se seraient produits sur les gestations débutées en 2021 !
Le dossier de ce numéro fera non seulement le bilan des connaissances sur les causes connues et jusque-là identifiées des avortements, sur l’activité du réseau du collège du RESPE (un outil pratiquement unique au monde), mais également sur les pistes nouvelles de recherche en matière d’étiologie aussi bien génétique qu’infectieuse. Il apporte également des réponses à de nombreuses questions sur la gestion de tels cas sur le terrain : comment faire pour réaliser une autopsie riche d’informations et génératrice des prélèvements les mieux adaptés pour des examens complémentaires, comment gérer la jument et la conduite de l’élevage dans de telles circonstances ? Que faire et que ne pas faire ?
Enfin, une série de cas cliniques proposeront des clés de gestion des seuls cas où des prodromes d’alerte peuvent être détectés, permettant une démarche diagnostique et la mise en place de traitements qui peuvent prévenir l’avortement, et aboutir à la naissance d’un poulain vivant et viable.
© EDP Sciences, 2023
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