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Le Nouveau Praticien Vét équine
Volume 17, Numéro 60, 2023
Affections de l’appareil locomoteur - 1re partie
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Page(s) | 5 - 6 | |
Section | Hommage | |
DOI | https://doi.org/10.1051/npvequi/2024023 | |
Publié en ligne | 24 juillet 2024 |
La parasitologie, l’enseignement et l’écriture : trois de ses passions
Le Professeur Gilles Bourdoiseau nous a quittés le 18 mars dernier, à l’âge de 71 ans, victime d’une tumeur cérébrale dévastatrice.
© EDP Sciences, 2024
Gilles Bourdoiseau
Un grand clinicien parasitologue
Pour cet enseignant hors-pair, la parasitologie devait être une science clinique. Ainsi, lorsque de praticien, il devient enseignant en 1985, il épouse la parasitologie et l’histoire de cette discipline, avec un regard à la fois bienveillant et critique sur les grands maîtres de la parasitologie vétérinaire qui, certes, connaissaient jusqu’au bout des ongles tous les parasites (caractéristiques morphologiques, cycle de vie, évolution… ) mais qui ne reliaient pas, ou pas assez, ces connaissances scientifiques à la pratique.
Pendant quelque 40 années, des générations d’étudiants ont bénéficié de son enseignement pratique grâce à sa volonté constante et déterminée de changer l’enseignement de cette discipline ardue.
Les écrits du Professeur Gilles Bourdoiseau sont toujours agréables et clairs. Dès les premières lignes, il « accroche » son lecteur ; il sait où il veut l’emmener, les informations qu’il souhaite transmettre et la forme pédagogique que celles-ci doivent revêtir pour être assimilées : encadrés, photos et schémas complètent ainsi toujours un texte court.
C’est ainsi qu’il conçoit, lui qui aimait tant les livres et la littérature, son ouvrage majeur, Parasitologie clinique du chien paru en 2000 (Encadré 1), dont il nous fit l’honneur et l’amitié de nous confier l’édition.
Encadré 1 Parasitologie clinique du chien, un ouvrage de référence
Cet ouvrage de 456 pages propose une approche pratique de la parasitologie « parce qu’il n’existe pas d’animal présenté en consultation pour une ascaridiose, une babésiose, ou une leishmaniose, mais le plus souvent pour un mauvais état général, une hyperthermie et des ulcères cutanés » (Gilles Bourdoiseau).
Définition, épidémiologie, parasite, pathogénie, étude clinique, méthodes de lutte, aspect zoonosique, tel est le plan type de chacun des chapitres ; ces informations sont complétées par des figures : cycle évolutif, démarche diagnostique, des encadrés sur les caractères morphologiques et biologiques, les examens complémentaires, les traitements avec les molécules proposées.
Un sommaire sur chaque partie permet de retrouver en un clin d’œil la page de la maladie ou de l’affection.
Des fiches thérapeutiques par spécialité et un index alphabétique complètent ce manuel à l’architecture originale.
C’est en 2000 également qu’il accepte, avec enthousiasme, de faire partie de l’équipe éditoriale qui porte le projet de cette nouvelle revue que nous créons Le Nouveau Praticien Vétérinaire.
Nous partagions cette idée que la formation, continue par l’écrit notamment, ne peut être transmise sans un souci de précision et de pédagogie (Encadré 2) ; dès lors, il portait une attention particulière au choix des mots, au style des phrases, à la ponctuation (je souris encore des différences notables entre une virgule et un point-virgule qu’il me rappelait avant le bon à tirer de ses textes !).
Encadré 2. L’imagerie en schémas
Les lecteurs du Nouveau Praticien Vétérinaire canine-féline, puis équine, puis élevages et santé doivent à Gilles Bourdoiseau l’exigence d’illustrer tous les clichés d’imagerie de schémas légendés. Une radiologie, une échographie, a fortiori une coupe de scanner ou d’IRM ne pouvaient être bien comprises, disait-il, sans être accompagnées de schémas pour faciliter et préciser leur lecture.
Nombre de lecteurs nous ont remerciés pour cette approche pratique de l’imagerie, qui fut souvent pour les auteurs et pour nous éditeur, une source de difficultés lors des mises en page, et parfois un véritable casse-tête. S’il nous arrivait de les « omettre », il ne manquait pas de me le signaler dès la parution !
Appelé à des fonctions de direction au sein de VetAgro Sup (Encadré 3), il aborde ces nouvelles missions comme un défi : harmoniser les enseignements afin de les rendre mieux coordonnés, plus pratiques pour répondre aux besoins de formation des futurs praticiens. Toutefois, il sera heureux de retrouver pleinement ses fonctions d’enseignement au plus proche des étudiants dont son épouse, Dominique, nous dit : « Il les a tant aimés … et il demanda à quitter ses fonctions lors de sa nomination à l’éméritat lorsqu’il sentit, avant même que le diagnostic de sa maladie ne fut établi, qu’il n’était plus dans l’excellence considérée comme un devoir. »
Encadré 3. « Ta carrière exemplaire »
Extrait de l’hommage du Pr. Jean-Luc Cadoré, son ami, lors de la cérémonie de funérailles
« Diplômé de l’ENVL en 1976, tu commences ta vie professionnelle avec des compétences de tropicaliste, acquises à l’Institut de médecine vétérinaire tropicale tout en suivant le DEA d’entomologie médicale et vétérinaire, au Burkina-Faso, jusqu’en 1980.
Après une période d’exercice libéral au cours de laquelle tu intègres l’équipe de vacataires au Service de Porte de notre École, tu prends les fonctions d’assistant en Parasitologie-Maladies parasitaires en 1985, puis celles de maître assistant en 1988 ; tu es agrégé en 1992 et deviens professeur en 1998, tout en continuant d’aimer l’enseignement et le partage. Tu obtiens l’HDR en 2001 et le titre de Spécialiste du Collège européen de parasitologie en 2003. Tu as effectué tes travaux de recherche sur la leishmaniose et sur les babésioses, et tu as participé à la création d’une équipe de recherche sur les hémopathogènes vectorisés.
Très investi dans les projets de l’ENVL, puis de VetAgro Sup, tu exerces successivement les fonctions de directeur des ressources humaines de 1997 à 2002, de directeur par intérim en 2005, puis de directeur adjoint de 2005 à 2010, de directeur général adjoint de 2010 à 2014, années pendant lesquelles tu t’occupes de la démarche qualité, des évaluations et des activités cliniques. Tu travailleras sur le dossier accréditation jusqu’à ton départ en retraite le 30 décembre 2020 en obtenant l’éméritat pour l’année civile 2021 » (…)
« Je te ferai plaisir en insistant particulièrement sur ta fibre de clinicien en maladies parasitaires, en évoquant la période de nos consultations, conférences et publications communes, et en rappelant ta volonté constante et déterminée de changer l’enseignement de ta discipline comme en atteste ton remarquable ouvrage sur la parasitologie clinique du chien ainsi que quelques chapitres ici ou là sur la leishmaniose du chien ».
Outre ses cours, travaux pratiques, conférences et écrits, tous ceux qui l’ont connu gardent en mémoire sa vivacité intellectuelle, son exigence et, comme le dit son ami Jean-Luc Cadoré « son sourire charmeur, ses anecdotes, ses coups de gueule, et ses gentilles attentions ainsi que sa façon de concevoir une Amitié ».
Nous, nous nous souvenons de ses idées qui fusaient sur les projets de sommaire et les manières nouvelles d’aborder une thématique (Encadré 4), de nos éclats de rire quand il émaillait ses propos d’exemples pratiques amusants ; nous nous souviendrons de ses contributions brillantes, de son approche pédagogique des sciences vétérinaires, et de son généreux investissement à nos côtés.
Encadré 4. Le numéro du Nouveau Praticien Vétérinaire équine dédié à la résistance aux anthelminthiques reçoit le Prix éditorial 2016
Le numéro du NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire équine (n° 38, novembre 2015 – Photo 1) dédié à la résistance aux anthelminthiques est un exemple de sommaire que Gilles Bourdoiseau, membre du comité scientifique, a proposé et porté.
Photo 1 Le numéro primé. (© NEVA) |
Photo 2 Claire Laugier et Gilles Bourdoiseau dans les salons de l’Automobile club, place de la Concorde à Paris lors de la cérémonie de remise des Prix éditoriaux 2016. (© Maryvonne Barbaray) |
Le Prix éditorial SPEPS 2016 attribué au meilleur article scientifique paru dans les revues vétérinaires nous a été décerné pour ce numéro avec notamment les articles :
La résistance aux anthelminthiques (Gilles Bourdoiseau) ;
État des lieux de la résistance aux anthelminthiques chez les nématodes des équidés : molécules et espèces concernées, répartition géographique (Claire Laugier) ;
Les protocoles de vermifugation chez les équidés (Jacques Guillot) ;
La détection de la résistance aux anthelminthiques chez les nématodes parasites des équidés (Guillaume Sallé) ;
Place des mesures sanitaires et des pratiques d’élevage dans les programmes de contrôle durable des infestations parasitaires digestives des équidés (Claire Laugier) ;
Les perspectives de thérapeutique adjuvantes ou alternatives pour la gestion des nématodes parasites d’équidés (Guillaume Sallé, Jacques Cortet, Géraldine Fleurance).
Nous nous associons à la douleur de sa famille, de ses amis et leur adressons nos plus sincères condoléances.
Liste des figures
Photo 1 Le numéro primé. (© NEVA) |
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Photo 2 Claire Laugier et Gilles Bourdoiseau dans les salons de l’Automobile club, place de la Concorde à Paris lors de la cérémonie de remise des Prix éditoriaux 2016. (© Maryvonne Barbaray) |
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